Le Dieu
(Θεός)
unique des éléates est désigné sous différents noms dans les
rares fragments de textes qui nous sont parvenus :
- Dieu : « Un seul Dieu, le plus grand chez les dieux et les hommes » (Xénophane, De la Nature, cité par Clément d'Alexandrie, Stromates, V, 109).
- La Divinité : « Au milieu des anneaux est la Divinité qui régit toutes choses » (Parménide, De la Nature, cité par Simplicius, Commentaire sur la Physique d'Aristote, 31, 10).
- L'Un : « Car si c'étaient les multiples qui étaient, il faudrait qu'ils soient tels que, pour ma part, j'ai déclaré être l'Un » (Mélissos, De la Nature ou de l'Être, cité par Simplicius, Commentaire sur le Traité du ciel d'Aristote, 558, 19).
- L'Être (ou le "Il est") : « En effet, l'être embrasse au plus près l'Être... Car rien d'autre jamais et n'est et ne sera à l'exception de l'Être » (Parménide, De la Nature, cité par Simplicius, Commentaire sur la Physique d'Aristote, 144, 29).
- Le Tout : « Immobile est le nom où se parfait le Tout » (Parménide, De la Nature, cité par Platon, Théétète, 180 d).
- Il : « Et tout entier Il voit, tout entier Il conçoit, tout entier Il entend (Xénophane, De la Nature, cité par Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, IX, 144) ; « Et jamais Il ne fut, et jamais ne sera, puisqu'au présent Il est, tout entier à la fois, un et continu » (Parménide, De la Nature, cité par Simplicius, Commentaire sur la Physique d'Aristote, 144, 29) ; « Ainsi donc Il est éternel, illimité, un et totalement semblable » (Mélissos, De la Nature ou de l'Être, cité par Simplicius, Commentaire sur la Physique d'Aristote, 111, 18).
On constate que Xénophane est le seul à le nommer très clairement
"Dieu", alors que Parménide avance plus timidement "la
Divinité". Mélissos préfère "l'Un"
(Pseudo-Aristote,
Mélissos, Xénophane, Gorgias,
I-IV, 974a-979a) et les commentateurs antiques laissent
à penser que c'est aussi le cas pour Zénon (Aétius, Opinions,
I, VII, 27). Tous usent et abusent du "Il", pratique mais
vague et se prêtant à toutes les interprétations. D'un point de
vue physique, nos sources antiques assimilent également ce Tout à
la Nature, au Monde ou au Principe.
La
véritable essence de l'Un est livrée par les 6 signes éléatiques
(Simplicius,
Commentaire sur le Traité du ciel
d'Aristote,
558, 19 ) : Il est éternel, illimité, un,
semblable, immobile et immuable. Certains textes le décrivent comme
étant plein, bien qu'il soit incorporel, paradoxe qui se résout
dans la différence entre les voies de la vérité et de l'opinion.
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