□
Naissance :
Mélissos,
fils d'Ithagène, est né à Samos (Plutarque,
Vie
de Périclès,
26-28 ; Diogène Laërce, Vies des
philosophes, IX, 24 ; Saint Épiphane, Contre les
hérésies, III, II, 12). Théodoret croit qu'il est né à Milet
et Suidas, qui l'appelle Mélétos, le dit fils de Laros, sans doute
à tort (Théodoret, Thérapeutique des maladies helléniques,
IV, 8 ; Suidas,
Lexique,
Mélétos).
S'il
faut suivre les dates d'acmé données par Apollodore, Diogène et
Eusèbe (cf. § suivant), Mélissos serait né une quarantaine
d'années auparavant, vers 484 à 481 av. J.-C. et peut-être plus
précisément en 484 (Apollodore d'Athènes,
Chronologie,
85 ; Diogène Laërce, Vies des philosophes,
IX, 24 ; Eusèbe de Césarée, Chronographie, 84). Mais
les exemples de Xénophane, Parménide et Zénon laissent à penser
que ce type d'informations est à prendre avec quelques réserves.
□
Acmé :
- 84e olympiade : 444 à 441 av. J.-C. (Apollodore d'Athènes, Chronologie, 85 ; Diogène Laërce, Vies des philosophes, IX, 24).
- 1ère année de la 84e olympiade : 444 av. J.-C. (Eusèbe de Césarée, Chronographie, 84).
L'acmé
de Mélissos correspond à l'époque du conflit entre Samos et
Athènes, durant la 84e olympiade (444 à 441 av. J.-C.).
Les aristocrates samiens s'étaient révoltés contre le régime
démocratique imposé par les Athéniens sur leur territoire. Avec
l'aide de Pissouthnès, satrape perse de Lydie, qui mit à
disposition sa flotte phénicienne, ainsi que l'alliance de Byzance,
ils renversèrent les démocrates. Mais Périclès vainquit les
Samiens en 441 av. J.-C. devant l'île de Tragia, les contraignant à
s'enfermer dans la ville de Samos. Durant le siège, qui dura 9 mois,
Mélissos — amiral en chef de la flotte samienne, vainqueur de
Périclès lors d'une précédente bataille navale — rompit le
blocus de la flotte Athénienne, à la tête de laquelle se trouvait
le tragédien Sophocle. Puis Périclès revint avec 150 vaisseaux et défit Mélissos. Les Samiens se rendirent durant
l'été 440 av. J.-C. (Aristote,
Constitution
de Samos,
frgt. 577-578 ;
Thucydide, La
Guerre du Péloponnèse,
I, III, 115-117 ; Plutarque, Vie
de Périclès,
45-54 ; Diogène Laërce, Vies
des philosophes,
IX, 24).
□ Contemporains supposés :
•
Écrivains (poètes, historiens, philosophes...) :
Héraclite
l'Obscur :
ce philosophe (vers 544-480 av. J.-C.) est sensé avoir présenté
Mélissos aux Éphésiens
(Diogène Laërce, Vies
des philosophes,
IX, 24). On prétend également qu'il était l'exact contemporain de
Zénon (Eusèbe de Césarée, Chronographie,
81). Mais il s'agit manifestement d'un double anachronisme, Héraclite
étant mort trop tôt pour avoir pu connaître ces deux éléates.
Zénon
d'Élée
(Suidas, Lexique,
Mélétos) : Mélissos et Zénon furent tous deux les élèves
de Parménide. Zénon (né vers 490 av. J.-C.) était légèrement
plus âgé que Mélissos (né en 484 av. J.-C. ?). Empédocle
d'Agrigente
(Suidas, Lexique,
Mélétos) : philosophe sicilien (vers 490-435 av. J.-C. ?),
élève de Parménide, comme Mélissos et Zénon. Sophocle
(Suidas, Lexique,
Mélétos) : Mélissos vainquit le tragédien (495-406 av.
J.-C.), alors stratège de la flotte athénienne, lors d'une bataille
navale, durant la 84e
olympiade (444-441 av. J.-C.).
•
Personnages politiques :
Périclès
(Suidas,
Lexique,
Mélétos) :
ce célèbre homme politique athénien (495-429 av. J.-C.) disciple
de Zénon
d'Élée, eut
a combattre contre Mélissos, qui était amiral en chef de la flotte
samienne.
□
Décès :
Historiquement
parlant, on perd la trace de Mélissos après la révolte de Samos,
matée par les Athéniens durant l'été 440 av. J.-C. : on ne
sait si Mélissos fut tué, s'il fit partie des otages et des
prisonniers, ou bien s'il réussit à s'échapper.
La
violente répression organisée par Périclès à cette occasion
pourrait expliquer la disparition de Mélissos après cette date.
L'historien Douris de Samos (vers 340-270 av. J.-C.) affirme que les
Athéniens, après leur victoire, firent preuve d'une extrême
cruauté à l'encontre de leurs adversaires. Il raconte que Périclès
emmena les navarques samiens et leurs marins sur l'agora de Milet et
les fit attacher sur des poutres. Au bout d'une dizaine de jours,
comme ils ne mourraient pas assez vite, il leur fit défoncer le
crâne à coups de bâtons. Il leur refusa une sépulture et leurs
corps furent simplement jetés. Tel fut peut-être le sort de
Mélissos... Plutarque, grand admirateur de Périclès, prétend que
Douris a tout inventé (Plutarque,
Vie
de Périclès,
53). Pourtant, on sait par ailleurs que les
atrocités commises contre les Samiens provoquèrent une vague de
réprobation dans l'ensemble du monde hellénique et contribuèrent à
dresser les Grecs contre Athènes à la veille de la guerre du
Péloponnèse (431-404 av. J.-C.).
□
Abrégé de chronologie :
•
Naissance :
à Élée,
vers
484 à 481 av. J.-C., plus précisément en 484 ?
•
Acmé :
vers 444 à 441 av. J.-C. et plus exactement en 444.
•
L'amiral en chef de la flotte samienne :
en 442-440 av. J.-C.
•
Décès :
date inconnue. Peut-être dès 440 av. J.-C., à Milet ?
●
Connexions
philosophiques
□
Maîtres :
?
(Jamblique,
Vie
pythagorique,
267) :
comme Parménide, Mélissos a été pythagoricien avant d'être
éléate. Mais on ne connaît pas le nom de son maître :
peut-être Lacon, Archippos, Hélorippos, Héloris ou Hippon, tous
pythagoriciens de Samos. Parménide
(Diogène
Laërce, Vies
des philosophes,
IX, 24) :
Mélissos a suivit l'enseignement de Parménide, avec pour collègues
Zénon d'Élée, Empédocle d'Agrigente et Leucippe.
□
Élève :
Thémistocle
(Plutarque, Vie de Thémistocle, 2) : Stésimbrote de
Thasos prétend que Thémistocle (528-462 av. J.-C.) fut l'élève
d'Anaxagore de Clazomènes (vers 500-428 av. J.-C.) et de Mélissos,
ce que conteste Plutarque, pour des raisons de vraisemblance
chronologique.
On sait
que Mélissos est né à Samos, vers 484 av. J.-C. (Plutarque,
Vie
de Périclès,
26-28 ; Diogène Laërce, Vies des
philosophes, IX, 24 ; Saint Épiphane, Contre les
hérésies, III, II, 12). Il y a sans doute passé sa jeunesse et
suivi les cours d'un maître pythagoricien (Jamblique,
Vie
pythagorique,
267).
Étant
donné qu'il compte parmi les éléates, il s'est probablement rendu
à Élée, alors qu'il était encore jeune, pour être le disciple de
Parménide (Diogène
Laërce, Vies
des philosophes,
IX, 24).
On le
retrouve de retour à Samos lors de la révolte de son île contre
Athènes en 442-440 av. J.-C. (Aristote,
Constitution
de Samos,
frgt. 577-578 ;
Thucydide, La
Guerre du Péloponnèse,
I, III, 115-117 ; Plutarque, Vie
de Périclès,
26-28 ; Diogène Laërce, Vies
des philosophes,
IX, 24), après quoi il disparaît.
●
Œuvres
Mélissos
pensait que seul l'Un (ou le Monde, la Nature, le Tout, le
Principe, l’Être, le Divin, Dieu) est éternel (inengendré),
illimité (infini), un (unique), semblable (homogène), immobile,
incorporel, inaltérable (incorruptible) et plein. Ceci implique de
nier l'existence du néant (ou non-être, qu'Aristote confond avec le
vide), des multiples (ou non-uns), des grandeurs divisibles et
limitées, ainsi que du mouvement. Les sens sont trompeurs, ce qui
implique que pour l'opinion le monde soit limité et toutes choses
instables et corruptibles, alors que du point de vue de la vérité,
le Tout, un et illimité, principe indéfinissable
(substance, matière ?), servirait de support aux éléments
(Aristote, Physique, IV, VI, 213 b 12 ; Aristote, De
la génération et de la corruption, I, VIII, 325 a2 ;
Hippocrate, De la nature de l'homme, I. XV, 29 ; Galien,
Corpus des médecins grecs, V, 9, 1 ; Cicéron,
Premiers académiques,
II, XXXVII, 118 ; Aétius, Opinions,
II, I, 2. I, VII, 27. II, IV, 11 ; Diogène Laërce, Vies
des philosophes,
IX, 24 ; Théodoret, Thérapeutique
des maladies helléniques,
IV, 8 ; Saint Épiphane, Contre
les hérésies,
III, II, 12 ; Philodème, Rhétorique,
frgt. III, 7).
Aristote
prétend que Mélissos est inculte et que ses arguments sont des
syllogismes éristiques, saugrenus et absurdes. Aristoclès lui porte
un coup plus rude encore, en lui reprochant d'abolir et de réfuter
les sens, tout en leur accordant le plus grand crédit pour fonder
ses hypothèses (Aristote, Métaphysique, A, V, 986 b 25 ;
Aristote, Physique, I, III, 186 a 6 ; Aristoclès, De
la philosophie, frgt. ;
Eusèbe, Préparation évangélique, XIV, XVII, 7). Mais si
l'Un est incorporel, comme l'affirme Mélissos, il échappe au monde
de la physique pour appartenir à celui de la métaphysique et de la
théologie et n'a donc plus besoin des existants pour être
(Simplicius, Commentaire sur la Physique d'Aristote, 109, 34).
Diogène
évoque l'admiration que suscitèrent les mérites de Mélissos
auprès de ses concitoyens et Plutarque le qualifie de philosophe
illustre (Plutarque,
Vie
de Périclès,
26-28 ; Diogène
Laërce, Vies des philosophes,
IX, 24).
□ Livres :
Mélissos
est le seul éléate à n'avoir écrit qu'un ouvrage (Simplicius,
Commentaire sur la Physique d'Aristote, 70, 16 ;
Simplicius, Commentaire sur le Traité du ciel d'Aristote,
557, 10 ; Suidas,
Lexique,
Mélétos) :
1.
De la Nature ou de l'Être
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire